La petite histoire du hashtag #JamaisSansElles

Ce texte est version courte de l’histoire du hashtag #JamaisSansElles.

Le débat suscité par une photo d’un panel 100 % masculin lors de la conférence numérique franco-allemande qui avait eu lieu à l’Elysée en octobre 2015, a amorcé la réflexion qui conduira à la création du mouvement #JamaisSansElles.

Quel est le rapport entre Angela Merkel, une conférence à l’Élysée et un Club d’entrepreneurs du numérique ? #JamaisSansElles !

Le 27 octobre 2015 s’est tenue au Palais de l’Elysée une conférence franco-allemande sur le Numérique.

Le 27 octobre 2015 s’est tenue au Palais de l’Elysée une conférence franco-allemande sur le Numérique. Voyant passer la photo d’un panel 100% masculin sur leur timeline, les fondatrices club Girl Power 3.0, Natacha Quester-Séméon et Tatiana F-Salomon interpellent par un tweet le service Communication de l’Élysée et le président du Conseil National du Numérique, Benoît Thieulin :

S’ensuit aussitôt un vif échange sur Twitter (cf tweets ci-dessous). La Secrétaire d’Etat au Numérique Axelle Lemaire réagit rapidement, ainsi que Benoît Thieulin et Guy Mamou-Mani, Président de Syntec numérique. Ce tweet a soudainement fait prendre à ce dernier de l’incongruité de la situation. L’événement était 100% masculin ! Ce jour-là, il prend un engagement en moins de 140 caractères : refuser toute participation à une conférence qui ne compterait aucune femme. À leur tout, et toujours sur Twitter, Gilles Babinet et Henri Verdier se joignent à cette résolution.

Club des Gentlemen, janvier 2016 : Tatiana F-Salomon, Guy Mamou-Mani, Gilles Babinet, Jean-Michel Blanquer, Natacha Quester-Séméon, Benoit Thieulin, Sylvain Attal, Alexandre Jardin, David-Hervé Boutin, François Momboisse.

Le hasard veut que tous les protagonistes de cet échange soient membres du Club des Gentlemen, présidé conjointement par Tatiana F-Salomon et Guy Mamou-Mani et regroupant une vingtaine d’entrepreneurs et de personnalités du numérique, humanistes, acteurs et promoteurs du débat citoyen, tous engagés dans la transformation digitale de la société.

C’est à l’occasion d’un dîner du Club chez l’un de ses membres que se concrétise l’idée d’un appel commun en faveur de la mixité et du refus de l’exclusivisme masculin. Un brainstorming éclair fait émerger le nom de l’initiative et son hashtag : #JamaisSansElles est né ! L’appel très rapidement publié dans le magazine Le Point le 23 janvier 2016.

Le ton est donné par Tatiana F-Salomon qui a rédigé l’appel : « #JamaisSansElles parce que l’Un est l’Autre, parce que le féminisme est un humanisme, parce que l’égalité est notre avenir commun ».

L’adhésion immédiate des réseaux.

Le fait que des hommes s’impliquent et s’engagent individuellement au côté des femmes en faveur de la mixité et de l’égalité des genres se révèle être un formidable atout. Nouveau et disruptif le concept #JamaisSansElles est un succès immédiat. Son hashtag devient rapidement le plus partagé sur les réseaux dans sa catégorie, se plaçant parmi les trending topics deux heures après la parution de l’Appel (voir notre top 10).

#JamaisSansElles s’installe aussi pour durer, grâce au l’adhésion de nouvelles personnalités de tout premier plan : Alain Juppé, Jacques-Antoine Granjon, Stéphane Richard, Nicolas Sekkaki, Philippe Saurel.

Fort de cette dynamique, le mouvement devient une Association et se dote d’un Conseil féminin avec Laurence Parisot, Nathalie Kosciusko-Morizet ou Clara Gaymard
De nombreux organisateurs de conférences, comprenant l’importance de l’enjeu et l’exigence citoyenne de mixité que #JamaisSansElles incarne désormais, sollicitent alors l’Association pour identifier des intervenantes et intervenir une labellisation de leurs événements.

Plus largement, c’est une communauté très engagée qui s’est fédérée autour de #JamaisSansElles, amplifiant la portée des messages et irriguant l’ensemble du territoire.

Viralité et durabilité

Du côté des citoyens, le mouvement reçoit également un écho et un soutien inattendus. La communauté contribue au fact checking concernant les signataires. Le public veille et partage. Une photo d’un plateau 100% masculin ne laisse plus indifférent ni les femmes, ni les hommes. Et l’heure n’est plus à la simple déclaration ou à l’affichage de bonnes intentions.

La communauté interpelle ou dénonce parfois, mais l’approche de #JamaisSansElles repose sur l’action positive et bienveillante. C’est une action réelle et visible. Avec Twitter, chacun peut participer en partageant largement des informations, des actions pour promouvoir la mixité.

Et de fait, le hashtag est devenu puissant vecteur pour interpeller les citoyens, décideurs, organisateurs d’événements ou personnalités politiques sur l’absence de femmes dans les débats publics ou les institutions. Depuis 18 mois, l’activité du hashtag n’a cessé de croître : de janvier 2016 à aujourd’hui, ce sont plus de 25 000 contributeurs, 100 000 tweets et retweets postés, 450 millions d’impressions, 70 millions de personnes potentiellement touchées (reach)*.

Une telle attente citoyenne n’a évidemment pas échappé aux politiques. Après que plusieurs candidats aux Primaires de 2016 eurent signé l’Appel #JamaisSansElles initial, l’Association a proposé une Charte pour les candidats à la présidentielle, dont la signature par Emmanuel Macron et Benoît Hamon. Le tweet d’engagement du candidat Macron a provoqué un pic de diffusion importants sur Twitter, #JamaisSansElles a acquis l’audience d’un véritable nouveau média.

#JamaisSansElles s’apprête à conquérir le Grand Ouest.

Le principe de #JamaisSansElles a été repris dans de nombreux pays. En octobre 2016, sur Twitter, 10 députés danois ont annoncé s’engager avec #JamaisSansElles, lançant ainsi un large débat au Danemark. Fin 2017, le hub de San Francisco sera lancé, permettant aux entrepreneurs de la Silicon Valley de suivre les français et de passer véritablement à l’action pour une mixité immédiate dans toutes les sphères.

Le top 10 du hashtag #JamaisSansElles