Charte #JamaisSansElles pour les candidats à la présidentielle de 2022

Comme elle l’avait fait en 2017, l’association #JamaisSansElles a de nouveau proposé aux candidates et candidats à l’élection présidentielle de 2022 de s’engager pour plus de mixité et pour une gouvernance partagée, en signant une charte. Elle a été signée par les candidats Yannick Jadot et Emmanuel Macron.


 

Pavillon à la mer FrançaisJamaisSansElles

Pour une mixité qualitative !

 
#JamaisSansElles propose aux candidats et aux candidates à l’élection présidentielle de s’engager, une fois élus, à promouvoir la mixité dans tous les secteurs de la société relevant du champ politique, à assurer la pleine participation des femmes à la gouvernance de l’État et de ses administrations, ainsi qu’à garantir leur visibilité et leur égale implication et représentation dans les instances de décision et les postes de responsabilité.

Aujourd’hui encore, en France, certains postes de pouvoir n’ont jamais été occupés par des femmes.

Le futur chef ou la future cheffe de l’État veillera à des nominations équilibrées et encouragera tout l’appareil d’État à faire de même, avec un message clair : à compétences égales, responsabilités et salaires égaux, pour établir une gouvernance partagée.

 

Charte #JamaisSansElles
pour les candidats
à l’élection présidentielle de 2022

 

En tant que candidat ou candidate à l’élection présidentielle, en signant cette Charte, une fois élu ou élue je m’engage à :

1. Dans l’action

En tant que candidat ou candidate, je signe l’appel #JamaisSansElles à titre individuel ainsi que la présente Charte, dans laquelle je m’engage :

À veiller à ne plus participer à aucune manifestation publique, événement ou intervention médiatique, en présentiel ou à distance, où seraient débattus, commentés ou jugés des sujets d’intérêt commun, sociétaux, politiques, économiques, scientifiques ou stratégiques, et qui ne compteraient aucune femme ou aucune autre femme parmi de nombreux intervenants.

En pratique, toute prise de parole lors d’événements, tables rondes, débats et panels ouverts au public ou télédiffusés (TV, radio, internet), etc., comptant au moins trois intervenants, doit inclure la présence d’au moins une femme.

Une fois élue ou élu

Président ou Présidente de la République, je m’engage :

À faire appliquer cette action en faveur de la mixité dans tous les événements organisés par la Présidence (débats, tables rondes, conférences, sommets, etc.) ;

À faire appliquer ce principe par le Premier ministre et ses services, par l’ensemble du Gouvernement, des ministères, secrétariats d’État et administrations, et plus largement par la puissance publique ;

À demander au Premier ministre de me rendre compte tous les six mois de la mise en œuvre de la Charte lors d’un Conseil des Ministres.

2. Dans la représentation de l’État et dans les voyages officiels

À assurer la composition mixte et équilibrée des délégations accompagnant les déplacements présidentiels, notamment à l’étranger.

3. Au gouvernement

À attribuer une part significative des postes-clés à des femmes au sein de l’équipe du Président et dans les cabinets ministériels ;

À nommer des femmes à des postes de direction d’administrations centrales et à veiller à une égalité salariale stricte à positions et compétences égales ;

À assurer l’équilibre femmes-hommes, de 40 % à 60 %, à la tête des ministères régaliens, de manière constante, pendant toute la durée du quinquennat ;

À inciter à la création de viviers de talents féminins dans toutes les administrations en généralisant les bonnes pratiques des réseaux féminins existant dans les ministères.

4. Création d’un ministère pour l’Égalité

À créer un ministère plein et entier de l’égalité pendant toute la durée du quinquennat, qui œuvrera notamment à la systématisation de l’égalité salariale à travail égal, à garantir l’égale visibilité des femmes dans l’espace public, à leur représentation dans les dénominations officielles (de lieux ou de bâtiments…), ainsi que dans les médias publics ;

À doter ce ministère d’un budget annuel d’au moins 100 millions d’euros pour l’ensemble des sujets se rattachant à l’égalité femmes-hommes ;

À garantir que le budget de l’ensemble des actions menées par les différents ministères en faveur de l’égalité femmes-hommes soit au minimum doublé.

5. Dans l’ensemble des territoires

À nommer des femmes :

aux fonctions les plus importantes (notamment celles n’ayant jamais été occupées par elles) ;

à des postes de direction de l’administration déconcentrée, en incitant les différents acteurs à des engagements similaires en administration décentralisée ;

en nombre plus important dans la hiérarchie des forces de secours et de sécurité (police, gendarmerie, sécurité civile, pompiers, etc.).

6. Dans la diplomatie

À nommer des femmes aux principaux postes-clés à l’Élysée et au ministère des Affaires étrangères, en tant qu’ambassadrices dans des pays stratégiques, à des postes de décision à l’étranger au sein des ambassades et consulats, ainsi qu’au sein des grandes organisations internationales ;

À promouvoir l’égalité femmes-hommes ainsi que les principes de la présente Charte dans les relations internationales.

7. Mesure, suivi et évaluation

À construire des indicateurs et des dispositifs d’évaluation afin de créer un référentiel commun pour le suivi de toutes les politiques publiques en matière d’égalité femmes-hommes ainsi que pour mesurer la progression de la présence effective des femmes dans la vie publique et politique. Ces indicateurs seront également l’outil de suivi et de mesure d’impact des engagements de la présente Charte. Les conclusions de ce suivi feront l’objet d’un rapport annuel.

 

ANNEXE

En cas de participation à des tables rondes, des panels d’experts, des jurys, ou à des événements dont le programme est composé d’une succession de prises de parole, de discours ou de présentations, n’impliquant qu’un seul intervenant à la fois, un total (hors modérateur) de trois intervenants ou plus sans femme ou sans homme devra déclencher une action de la part du ou de la signataire.

Pour les événements et les séminaires internes, lorsque leur objectif ou leur format implique la seule intervention de collaborateurs ès qualités ou d’experts en charge des dossiers concernés, et que ces intervenants se trouveraient être exclusivement des hommes, ou exclusivement des femmes, il est attendu un commentaire sur l’absence de mixité et un rappel des actions particulières menées par les différents cabinets permettant à terme de remédier à cet état de fait. Par exemple un rappel des engagements pris avec la présente Charte. Cela vaut également pour les événements externes dont la participation présente un intérêt stratégique pour le ou la signataire, et qu’une modification de la liste des intervenants (voir ci-après) s’est avérée impossible.

Domaine et secteurs peu féminisés

Certains domaines ou secteurs d’activité sont encore aujourd’hui caractérisés par un déficit de femmes. Par conséquent, des difficultés particulières à assurer la mixité et a fortiori la parité dans les événements et les réunions peuvent être rencontrées par les organisateurs. Une période de transition est ainsi nécessaire pour atteindre l’objectif de participation d’au moins une femme lors de prises de parole.

Toutefois, au cours de cette période le choix des intervenants aux événements correspondants doit toujours tendre à accroître la visibilité des femmes. Leur participation ne doit jamais être inférieure au taux de représentation des femmes dans le secteur en question. Par exemple, dans un domaine où les femmes représentent 20% des effectifs, un événement comptant 5 intervenants doit inclure au moins une femme.

Mixité équilibrée

Dans la continuité de la démarche et de la volonté de faire progresser la mixité, la diversité et l’égalité dans tous les secteurs, le ou la signataire sera également attentif ou attentive à l’application de l’engagement décrit à l’article 1 et à privilégier les interventions mixtes y compris lors d’événements où les femmes sont surreprésentées. Ainsi, en fonction de l’événement, dans les cas où cela s’avérera pertinent et uniquement si la liste des intervenants est exclusivement ou quasi exclusivement composé de femmes, le cabinet du ou de la signataire pourra proposer l’intervention d’un de ses collaborateurs à la place d’une de ses collaboratrices. Cependant dans ce cas, le cabinet devra rappeler à l’organisateur de l’événement ou de la réunion son engagement avec #JamaisSansElles en faveur de la mixité et son attachement à une meilleure représentativité des femmes dans tous les domaines, pour instaurer une gouvernance partagée (voir ci-dessous).

Toute invitation, intervention ou utilisation de l’image du ou de la signataire dans un cadre non-mixte donnera lieu aux actions suivantes :

Si la non-mixité est connue à l’avance :

i. Le ou la signataire fera connaître à l’organisateur son engagement avec #JamaisSansElles.

ii. Le cabinet du ou de la signataire proposera, si cela est pertinent, l’intervention d’une collaboratrice à la place du signataire ou l’intervention d’un collaborateur à la place de la signataire, le cas échéant.

iii. Le ou la signataire recherchera avec #JamaisSansElles ou tous autres de ses partenaires, à mettre à contribution leurs réseaux afin de proposer une ou plusieurs intervenantes potentielles compétentes dans le domaine visé afin de se joindre à l’événement, conférence, table ronde, interview ou visioconférence.

iv. Le cas échéant, le ou la signataire déclinera l’invitation (N.B. : toute communication autour de ce refus sera largement relayée et amplifiée via les réseaux de #JamaisSansElles).

Si la non-mixité est découverte au dernier moment :

i. L’intervenant exprimera sa surprise aux organisateurs, et le fait que l’absence de mixité lors de l’événement entre en conflit avec son engagement en tant que signataire de #JamaisSansElles.

ii. Si l’événement doit être maintenu, une référence explicite à la Charte sera faite en début d’intervention, à l’adresse des organisateurs ainsi que du public et des autres participants.

iii. L’intervenant, en accord avec le cabinet du ou de la signataire, demeure seul juge de l’attitude à adopter en dernier recours quant à̀ sa participation ou à l’utilisation de son image. Il lui appartiendra de prendre toute mesure qu’il jugera pertinente afin de ne pas s’exposer lui-même et exposer le ou la signataire à une possible critique explicite sur les réseaux sociaux, par exemple par une communication anticipée sur twitter, mentionnant l’engagement #JamaisSansElles et signalant lui-même le conflit ou les circonstances particulières ayant conduit à ce conflit.